Kaleb - Myra Eljundir
L'histoire :
(Trilogie :Kaleb, tome 1)
À 19 ans, Kaleb Helgusson se découvre empathe : il se connecte à vos émotions pour vous manipuler. Il vous connaît mieux que vous-mêmes. Et cela le rend irrésistible. Terriblement dangereux. Parce qu’on ne peut s’empêcher de l’aimer. À la folie. À la mort. Sachez que ce qu’il vous fera, il n’en sera pas désolé. Ce don qu’il tient d’une lignée islandaise millénaire le grise. Même traqué comme une bête, il en veut toujours plus. Jusqu’au jour ou sa propre puissance le dépasse et ou tout bascule… Mais que peut-on contre le volcan qui vient de se réveiller?
Ce que j'en pense :
Note : 2.75 / 5
Au départ ce livre avait tout pour plaire : un anti-héro sombre et sexy, des pouvoirs mystérieux, une culture islandaise fascinante et une intrigue promettant des rebondissements. La couverture en revanche ne m'a pas vraiment attirée, d'ailleurs je n'ai toujours pas compris le rapport avec la scarification dans la chair.
"Quitte à basculer dans la folie, autant convoler avec la plus excitante des hallucinations."
Il s'agit d'un roman aux multiples perspectives dans lequel nous suivons Kaleb, un empathe un peu perdu qui vient de se découvrir des pouvoirs mais n'a personne pour l'aider à s'en dépatouiller, ses proches avec parcimonie (son père, son voisin et son 'amie'), mais également le colonel de l'agence militaire Sentinelle qui traque les personnes comme Kaleb pour protéger la population, et un soldat. La multi-perspective est un très bon choix dans ce type de roman où l'action n'est pas très présente puisque cela permet une plus grande immersion dans l'histoire et les informations nous sont plus vite distribuées. La narration est au présent ce qui accentue encore le côté immersif et dynamique dès les premières pages.
"Si elle joue tant avec le feu, c'est parce qu’elle s'est déjà brûlée. Et que, malgré la douleur, elle a aimé la danse de la flamme dans son cœur."
En revanche cela n'a pas fonctionné avec moi. Bien que j'ai tout de suite accroché au style d'écriture de l'auteure, je me suis très vite lassée de l'histoire - arrivé au premier tiers du livre - qui s'étendait en longueur. L'action se répète indéfiniment et l'intrigue n'avance pas assez rapidement. Les peurs de Kaleb sont disséquées par l'auteure, ce qui aurait pu être intéressant mais n'a malheureusement pas été à mon goût. Il y a bien quelques révélations et rebondissements qui ponctuent la lecture mais aucun ne m'a pris au tripes. La conclusion c'est que je n'ai ressenti aucune émotion pendant ma lecture - un comble pour une histoire d'empathe !
"Ce n’est pas lui, cette bête déchaînée. Pourtant, il s’est rarement senti aussi bien que pendant cet accès de rage… comme s’il était enfin lui-même. Mais quel genre de monstre faut-il être pour éprouver ces choses-là ?"
Du côté des personnages j'ai apprécié la multitude de facettes qu'ils revêtent. L'auteure a choisi de ne pas tomber dans les stéréotypes du gentil et du méchant et a focalisé son écriture sur la lutte constante entre différentes pulsions. Que ce soit Kaleb ou d'autres protagonistes, on les voit se tenir en équilibre précaire entre le bien et le mal puis basculer d'un côté pour se redresser ensuite, jusqu'au saut final... Kaleb s'étonne constamment d'apprécier ce qu'il ressent et en éprouve dégoût et culpabilité en même temps, il est perdu entre ce qui est attendu de lui et ce vers quoi il est incité. L'auteure fait également ressortir, par le conflit opposant les Sentinelles et les personnes dotées de pouvoir, le paradoxe de notre société : en se collant des étiquettes désuètes de sens et perpétuant des traditions, des ordres anciens au nom du bien commun on a tout aussi vite fait de perdre leur signification première et de se retrouver du mauvais côté de la balance. En somme chacun d'entre nous porte en lui une part de bien et un part de mal qui coexistent et se révèlent plus ou moins selon les situations. C'est une belle morale à transmettre dans une société si prône au jugement.
"Le Bien et le Mal ne sont pas si différents. Ce sont des frères jumeaux qui s’épanouissent différemment. Il suffit parfois d’un minuscule grain de sable pour enrayer la machine et inverser la tendance de chacun. Et si le Mal peut devenir le Bien, c’est que tout est possible… "
Lilie H.