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Tortues à l'infini - John Green


L'histoire :

Aza, seize ans, n'avait pas l'intention de tenter de résoudre l'énigme de ce milliardaire en fuite, Russell Pickett. Mais une récompense de cent mille dollars est en jeu, et sa Meilleure et Plus Intrépide Amie Daisy a très envie de mener l'enquête. Ensemble, elles vont traverser la petite distance et les grands écarts qui les séparent du fils de Russell Pickett : Davis. Aza essaye d'être une bonne détective, une bonne amie, une bonne fille pour sa mère, une bonne élève, tout en étant prise dans la spirale vertigineuse de ses pensées obsessionnelles. Aza, Daisy, Davis, trio improbable, trouvent en chemin d'autres mystères et d'autres vérités, celles de la résilience, de l'amour et de l'amitié indéfectible.


Ce que j'en pense :

Note : 3.5 / 5

"Le problème avec une spirale, c'est que si on se laisse prendre à l'intérieur, ça ne s'arrête jamais.

Elle continue de se resserrer à l'infini."

Nombreux sont les gens capables d'écrire un livre. Il suffit de trouver l'idée, l'imagination, et de posséder un certaines compétences rédactionnelles ou de se faire aider. Mais pour écrire un livre comme Tortues à l'infini, il faut du vécu. On ressent très bien la difficulté d'Aza pour s'intégrer dans la société malgré sa maladie mentale, sa lutte pour accepter sa différence tout en la cachant au public et la complexité que cela lui impose au quotidien. Toutes ces choses ne pourraient pas être décrites aussi pertinement sans les avoir connu de près. Ce qui fait de ce roman une oeuvre très personnelle et enrichissante.


"Le pire, dans le fait d'être totalement seul, c'est de se remémorer toutes les fois où on aurait tellement voulu qu'on nous laisse tranquille et on se révèle être une très mauvaise compagnie."

On y trouve des réflexions très intelligentes sur la vie et les relations, deux adolescents très matures et à l'esprit affûté. Davis nous offre de très beaux états de consciences, il a une façon toute particulière de voir le monde. Très poétique et précise. D'ailleur la citation précédente provient de lui. Avec Aza on apprend l'acceptation, le trouble de ne pas choisir ses pensées, d'être une victime emprisonnée dans un cheminement incontrôlable et infini, un "tourbillon toujours plus étroit" comme elle le décrit. Les troubles obcessionnels compulsifs (TOC) sont très peu représentés en France, la grande majorité de la population - moi y compris avant cette lecture - n'ont pas la moindre idée de leurs complexité. Mettre des mots sur des choses aussi abstraites que peu de gens comprennent réellement, c'est là toute la qualité du travail de John Green.


"Nous sommes des être qui nous appuyons tellement sur le language que, dans une certaine mesure, nous ne connaissons pas ce que nous ne pouvons pas nommer. Et nous en concluons que ce n'est pas réel."

Biensûr il a également des défauts, le principal étant la monotonie. Les deux tiers du livres se concentrent sur la vie quotidienne de nos lycéens et les pensées invasives d'Aza qui sont similaires et répétitives. Ainsi si le sujet des TOC ne vous intéresse pas vous n'aprécierais probablement pas ce livre. Le mystère qui nous est vendu sur la couverture n'occupe en réalité que 30% de l'intrigue, et encore, il n'est pas tellement développé. Si vous vous attendez à autre chose qu'à une découverte psychologique, vous risquez d'être déçu.


"On se rappel de son premier amour parce qu'il montre,

il prouve qu'on est capable d'aimer et d'être aimé, que rien dans ce monde n'est mérité si ce n'est l'amour,

que l'amour est à la fois le moyen de devenir une personne et la raison pour laquelle on la devient."

La fin est très touchante, ni trop heureuse ni désastreuse. Simple. Comme dans la réalité de la vie. C'est au final cette simplicité qui m'a le plus touché. J'ai aimé le changement de perspective, comme si l'auteur parlait à son personnage pour lui dire aurevoir, ou qu'Aza se soit échapée de son corp pour prendre du recul et parler à son ancien-elle. Mais je préfère la première option, c'est à la fois attendrissant et rassurant et pouvoir quitter ce personnage le coeur léger.

"Personne ne dit au revoir à moins d'avoir envie de vous revoir."


Lilie H.

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