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Eliza and her monsters - Francesca Zappia

L'histoire :

VF : Eliza et ses monstres, éditions Robert Laffont

Dans la vie de tous les jours, Eliza Mirk est une fille timide, intelligente, un peu étrange et... qui n'a pas d'amis. Dans sa vie en ligne, Eliza est LadyConstellation, créatrice anonyme de La Mer infernale, un webcomic extrêmement populaire. Avec des millions de followers et de fans à travers le monde, son alter ego est une véritable star. Mais Eliza ne peut s'imaginer aimer le monde réel plus qu'elle n'aime sa communauté numérique. Puis, un jour, Wallace Warland arrive dans son lycée et Eliza va vite se demander si la vie ne mérite pas d'être vécue hors ligne...

(J'ai lu ce livre en anglais d'où les citations en VO, je n'ai pas voulu les traduire pour ne pas altérer leur signification ou l'impact qu'elle ont eu sur moi mais vous les trouverez en VF sur Booknode ou Babelio.)

Ce que j'en pense :

Note : 5 / 5 *coup de coeur*


J'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette lecture qui fut un véritable coup de cœur. Si vous aimez l'univers Fandom et que vous avez adoré Fangirl de Rainbow Rowell, foncez !

“I am an absolute wreck of a human being, and right now I am completely okay with it.”

Attention ce livre n'est pas une copie de Fangirl et aborde des sujets beaucoup plus intenses. Oui, on retrouve une romance entre deux geeks qui ont du mal à s'intégrer dans la société, oui nous suivons des jeunes adultes au lycée et université, et oui nous avons affaire à des artistes et de la fanfiction. Mais pas que ! Ici on parle également, au travers de nombreuses métaphores, de la relation difficile entre les adolescents et leurs parents, de l'anxiété, de la relation particulière entre un artiste et ses fans et également de reprise en main, d'acceptation.



“That computer is my rabbit hole; the internet is my wonderland.

I am only allowed to fall into it when it doesn’t matter if I get lost.”

Une des raison pour lesquelles j'ai autant apprécié ce livre est que je me suis revue adolescente dans le personnage d'Eliza. Francesca Zappia a su mettre les mots exacts sur le tourbillon d'émotions, d'incompréhension et d'angoisses qui vous assaillent lors de cette période de vie, que vous avez du mal à comprendre et appréhender. Il est rare de tomber sur un livre qui vous comprennent réellement, avec lequel on se sente connecté (mise à part le succès du webcomics sur internet, perso je n'ai jamais été célèbre pour quoi que ce soit ^^). J'ai ressenti le trouble d'Eliza mais j'ai également pu prendre du recul et découvrir que c'est également une période difficile pour son entourage, et que parfois cet isolement que semblent subir les adolescents n'est autre qu'auto-imposé. Que le fait de se fermer aux autres par peur d'être jugé ou incompris n'est pas une solution et engendre davantage de distance et de conflits.



"I should want to be social. I should desire friends I can see with my eyes and touch with my hands. But I don't want to be friends with people who have already decided I'm too weird to live."

On aborde donc dans cette lecture des sujets importants tels que l'anxiété ou l'utilisation intensive d'internet (et son incompréhension entre les générations). Eliza est une solitaire dans la vie réelle mais extrêmement populaire dans la virtualité grâce à son comics, elle refuse de se mêler aux personnes physiques à cause de son anxiété jusqu'au jour ou la pression est trop importante et qu'elle se retrouve obligée de prendre des mesures médicales. Son webcomics est le lieu où elle peut extérioriser ses peurs par le biais de métaphores en leur donnant vie en 'monstres' de Monstrous sea. L'auteur met en avant le fait que de nombreuses personnes sont touchées par ces troubles - d'ailleurs considérés comme une maladie mentale dans certains pays et bien mieux traités qu'en France - et je pense que c'est un message important car le manque de prise en compte par notre société accentue l'effet d'isolement et de honte que peuvent ressentir ces personnes.



“Broken people don't hide from their monsters. Broken people let themselves be eaten.”

Le sujet de l'utilisation intensive d'internet est également très bien mené. Eliza, comme la plupart des adolescents, passe la majeur partie de son temps libre sur le net. Ses parents ne comprennent pas le bénéfice qu'elle peut en retirer et s'inquiètent de la voir "passer à côté" de la vie. Durant mon adolescence j'ai ressenti le même besoin qu'Eliza, la virtualité offrant un certain confort : le fait d'avoir un écran entre mes interlocuteurs et moi me donnait la possibilité de réfléchir avant de parler - écrire - soit un temps de latence pour analyser mes émotions, et également la possibilité de bloquer toute personne malveillante (ce qui n'est vraiment pas la cas dans la vie réelle !). En somme cela nous procure une sécurité afin de nous adapter petit à petit aux relations sociales et à la réalité de la société. Malheureusement nous avons vite tendance à oublier cette période de notre vie, aujourd'hui adulte en contact avec des adolescents, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter de les voir aussi souvent sur internet. Ce livre m'en a donc rappelé les bienfaits.



“Creating art is a lonely task, which is why we introverts revel in it,

but when we have fans looming over us, it becomes loneliness of a different sort.

We become cage animals watched by zoo-goers, expected to perform lest the crowd grow bored or angry.

It's not always bad. Sometimes we do well, and the cage feels more like a pedestal”

Le sujet de la relation entre un artiste et ses fans est également très intéressant. Au travers d'Eliza l'auteure nous parle de la pression que ressent tout artiste connu sur son travail, de la peur d'être jugé ou d'être détesté. En tant que fan nous avons tendance à être intense dans nos actions : envoyer des messages aux artistes, leurs poser des questions sur la suite d'une œuvre, critiquer les livres qui ne nous ont pas plu, etc. Toutes ces actions nous semblent anodines mais lorsqu'on les cumule par le nombre de fans cela devient un océan de jugements, une mer de monstres qui engloutie la sensibilité de l'artiste et provoque un stress considérable.


“Monstrous Sea is mine. I made it, not the other way around. It's not a parasite, or an obligation, or a destiny. It's a monster. It's mine. And I have a battle axe waiting for it.”

Enfin sur la forme, l'écriture est très fluide et agréable avec de nombreuses pointes d'humour. Nous suivons la perspective d'Eliza ce qui est un choix adéquate afin de découvrir ses pensées, ressentis et angoisses sans être influencé par les autres personnages. On trouve également (autre similarité avec Fangirl) des pages de dessins extraits du comics qui sont disséminées entre les chapitres, ce qui a pour effet de nous plonger immédiatement dans l'univers fandom que l'on aime tant. Pour conclure il s'agira, j'en suis certaine, de mon plus gros coup de cœur de l'année. Pas parce que l'histoire est exceptionnelle ou novatrice mais simplement parce que ce livre aura su me toucher, me comprendre et raviver des souvenirs que j'avais enfoui profondément par embarras en m'apprenant à les accepter.

“It looks so peaceful.” “Peaceful, huh? Haven't you heard? There are monsters in the sea.”


Lilie H.

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