La faucheuse - Neal Shusterman

L'histoire :

Trilogie : Arc of the scythe (la faucheuse)

Les commandements du Faucheur : Tu tueras. Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans préméditation. Tu accorderas une année d'immunité à la famille de ceux qui ont accepté ta venue. Tu tueras la famille de ceux qui t'ont résisté.

Ce que j'en pense :

Note : 2,5 / 5

La description était plutôt encourageante, on découvre un monde utopique où tous les fléaux de notre société ont été éradiqués : la maladie, la vieillesse, la pauvreté, l’inégalité, la corruption politique ; et où les hommes sont immortels – ou presque. En effet afin de lutter contre la surpopulation une communauté de faucheurs a été créé afin de « glaner » (un joli terme pour tuer) des individus au hasard, il s’agit de l’unique façon de mourir encore possible.

"La fin de la vie humaine était autrefois entre les mains de la Nature. Mais nous lui avons volé cette prérogative. Désormais, nous avons le monopole de la vie et de la mort. Nous sommes son seul distributeur."

L’intrigue paraît donc intéressante malheureusement le début est très lent et ennuyeux. On découvre l’univers mis en place, mais ne s’agissant pas de fantastique il n’était pas nécessaire d’y consacrer autant de pages (plus de 200 avant de voir l’action commencer). Dans cette partie nous suivons deux adolescents – Citra et Rowan – qui deviennent apprentis faucheurs. La formation, qui doit durer un an, manque d’action. Les événements s’enchaînent mais la dynamique reste la même, lassante. Les deux enfants sont très immatures dans ce début et leurs personnages ne sont pas suffisamment développés pour susciter l’intérêt du lecteur. Nous alternons leurs perspectives dans l’écriture mais ne connaissons jamais réellement leurs sentiments et leurs ressentis. On obtient par le biais du journal de bord la perspective de certains personnages secondaires – des faucheurs - mais il manque celle de Citra et Rowan, mieux les connaître aurait permis une plus grande immersion dans l’histoire. L’auteur a également essayé d’ajouter une histoire d’amour entre les deux apprentis mais je l’ai trouvée absolument pas crédible, elle arrive comme un cheveu sur la soupe. Puis on l’oublie pendant 200 pages avant d’apercevoir un « je t’aime » sortie de nulle part et qui manque cruellement de légitimité. On découvre également un grand aspect moral mais uniquement du point de vue des extrêmes, les anciens faucheurs s’opposent aux nouveaux, dits visionnaires, mais réellement il s’agit d’un échange d’arguments entre la compassion et la barbarie, sans nuance aucune. Pourquoi pas d’entre-deux ? Cela aurait apporté de la substance au débat.

"Je comprends pourquoi il y a des faucheurs, combien c'est important et à quel point leur oeuvre est nécessaire... mais je me demande souvent pourquoi il a fallu qu'on me choisisse moi. Et s'il existe effectivement un monde éternel après le nôtre, quel sort sera réservé à un preneur de vie ?"

La deuxième partie est bien plus captivante. On découvre l’intrigue politique et ses enjeux. Quelques stratagèmes intéressants de la part des personnages mais c’est toujours un peu lent notamment lors de la formation des faucheurs. L’action s’enclenche vraiment dans les 150 dernières pages lorsque l’on assiste à un retournement de situation, à de la trahison et d’autres révélations inattendues. Le final est très bien joué et le livre pourrait se suffire à lui-même. Les personnages ont gagné en maturité et sont plus intéressant mais on ressent toujours ce manque de ne pas connaître leurs pensées. Les réflexions sur la mort, la conscience et nature humaine sont présentes et apportent un peu de consistance mais elles se répètent et manquent de développement. Nombreux sujets auraient mérité davantage d’explications : le conflit entre les communautés de faucheurs, l’affaire de maître Faraday, celle autour d’Esmée également, le commencement de la communauté, la hiérarchie en son sein et pour finir l’opinion publique. Est-ce que l’auteur n’a pas suffisamment développé son univers ou est-ce un choix délibéré pour pouvoir garder matière à écrire la suite ? J’imagine que les réponses seront dans les prochains volumes puisqu’il s’agit d’une trilogie. Il s’agit en somme d’un tome d’introduction de l’univers et pourtant l’histoire s’achève sans suspense avec une fin ouverte qui se suffit à elle-même. Je ne suis pas convaincue par la suite et ne poursuivrai pas la série, mais j’imagine que cela peut plaire à nombre de lecteurs. Je pense que je vais m’éloigner de la science-fiction YA pour un temps, cela ne me correspond simplement plus.